Le taxi jaune dépose l’équipage de Madgic au Marché aux poissons face …au Pacifique .
Les grattes ciels supervisent la baie et la vieille ville qui lui fait face , ceinturée par sa voie rapide sur pilotis .
La modernité des tours contraste étonnamment avec les embarcations désuètes du port de pêche et ne finit pas de surprendre le visiteur .
Les bateaux aux couleurs vives délavées déchargent encore leurs poissons sous l’œil des pélicans, léthargiques sous cette chaleur ou déjà repus.
Dans le hall de vente aux effluves marines, l’effervescence s’estompe un peu en cette fin de matinée ; les étals commencent à se vider de leurs camarones , langoustes , crabes et filets de corvinas bien rangés .
Les rabatteurs , souriant , menu en main essaient d’ orienter le badaud vers une des nombreuses échoppes qui entourent les halles .Les terrasses s’animent en cette heure où le soleil est au zénith .Comment ne pas se laisser tenter par un ceviche des plus frais et savourer le mélange des crevettes cuites dans leur jus de citron et parfumées de coriandre. « Algo mas ? » Non , pas un Nespresso mais plutôt une petite « cerveza » panaméenne « mas fria » .Vous avez le choix : Balboa , Atlas , Panama ou Soberana.
Marché aux poissons
Le Casco Viejo se laisse découvrir à pied . La vue sur le Pacifique est un peu gâchée par la Cinta Costera qui encercle la vieille ville . La construction de cette voie de circulation ,gagnée sur la baie , n’ a pas plu à l’Unesco qui a failli retirer le statut de Patrimoine de l’Humanité à ce second centre historique .
Les Espagnols s’était d’abord installé ,dès 1521 , à Panama Vieja . Après la découverte du monde Incas par Pizzaro , toutes les richesses ( or, argent , perles, pierres précieuses …) transitaient par ce centre névralgique , empruntaient le chemin tracé à travers la jungle du Panama et rejoignaient la côte Atlantique à Nombre del Dios puis à Portobello , avant de reprendre la mer vers l’Europe. Mais le méchant pirate anglais , Morgan , mis la ville à sac en 1671.
La couronne espagnole décida de reconstruire la ville , 8km plus à l’ouest, sur une péninsule mieux protégée : l’actuelle Casco Viejo.
Au coin des rues étroites , les vieux bâtiments ecclésiastiques constituent le fil conducteur du promeneur à travers la vieille ville.
Sur le front de mer , des indiennes kunas proposent leurs molas .Des vendeurs de boissons fraîches poussent leur carioles sur la Plaza de Francia sur laquelle Ferdinand de Lesseps veille, un peu dépité de ne pas avoir terminé la réalisation du canal.
L’équipage découvre au loin le pont des Amériques qui surplombe le Canal ,lien mythique entre 2 océans, et symbole pour le navigateur arrivant de l’Atlantique de son passage imminent dans le vaste océan Pacifique.
Les bâtiments présidentiels gardés , les bâtiments administratifs ,banques et restaurants ont enlevé l’âme de Casco Viejo et l’ont transformée en aire touristique ,huppée et ..aseptisée .
L’ambiance est néanmoins sereine et paisible . Les bancs des parcs permettent de découvrir les édifices rénovés ; quelques façades préservées , suspendues dans le vide , attendent encore les futurs travaux pour poursuivre la rénovation de la ville historique.
Casco Viejo
Plus au nord , la vraie Ciudad de Panama reprend ses droits avec ses quartiers populaires :Chorrillo Calidonia ….que le touriste, bien conditionné, doit fuir au risque de finir « plumé, décapité » .A éviter la nuit néanmoins .
Des petits commerces vivants sont coincés entre des maisons délabrées ; au pied d’un immeuble démoli ,quelques vieux blacks discutent paisiblement, ;des abandonnés de la société fouillent les poubelles ; un bar à karaoké se cache derrière les branchages prêt à animer le quartier tard dans la nuit au rythme des klaxons intarissables.…..
Quartier Chorrillo
L’équipage découvre la Plaza Santa Ana ,animée populaire et surveillée par la Policia .
Le café Coca-Cola accueille , comme depuis des décennies , les vieux habitués panaméens de la classe moyenne .
Certains attendent leur repas en sirotant une chicha de pina glacée ( rafraichissement à la saveur d’ananas ) et en lisant le journal.
Ce café , un de plus vieux de Panama , a gagné son procès contre l’illustre multinationale .Il pu garder son nom ; le fameux producteur de soda sucré avait oublié d’enregistrer son nom commercial au Panama. D’illustres visiteurs s’y sont succédés : Ché Guevara , peut-être Castro , Pablo Neruda et surtout Pierce Brosnan (the Taylor of Panama ) et …..Julio Eglesias
C’est ici , à quelques pas des restaurants chics du Casco Viejo aux menus internationaux ,qu’il est possible de déguster un sancocho ,une soupe érigée en plat national . Ce consommé parfumé d’un oignon , d’un poivron, d’ail et de coriandre dans lequel trône un épi de mais et quelques morceaux de yuca ( manioc ) est un délice local ,préparé ici avec savoir.
Le charme insoupçonné de Panama City commence à envouter le visiteur.
Quartier Santa Ana - Coca Cola café