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Un Nautitech 40 en vadrouille
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Handliners. ...d'un océan à l'autre.

Handliners. ...d'un océan à l'autre.

3h30 du matin .Shelter Bay.
Le réveil résonne dans le carré de Maova Express. La marina encore endormie est baignée par l’obscurité de la nuit ,si peu troublée par les lampadaires blafards des quais . A peine réveillés par un café, les visages , surmontés de lampes frontales , sont concentrés sur les manœuvres de sortie du port . 
L’Autorité du Canal a avancé l’heure de rendez-vous au petit matin …. «  5hr du mat…»
Un numéro de passage , une heure et un point GPS de rendez-vous , 4 longues et grosses amarres à bord , 4 handliners et de nombreuses défenses : tout est prêt pour la traversée du canal mythique de Panama . La venue à bord de l’Advisor ( pilote officiel du canal ) est finalement annoncée pour 6H30.
Dans la baie de Colon , les feux jaunes clignotants des bouées éclairent par intermittence le plan d’eau . L’ombre ,tout proche et lugubre , d’un cargo échoué tient compagnie à Maova. Le souffle du vent caresse vigoureusement la peau .
Au bout de la longue digue ,les lumières du port de Colon ferme la ligne d’horizon. Le pont bien éclairé du Federal Sable ne rivalise pas avec les lumières multi-étagées d’un paquebot de croisière en attente de passage lui aussi.
Avec le jour naissant , le nouveau pont Atlantico laisse découvrir ses formes magnifiques et modernes et invitent les bateaux à traverser l’isthme de Panama .
Du fond du carré de Maova , une voix grésillante sur la VHF rompt la mélodie du vent et annonce l’arrivée à bord de l’Advisor .Alerte , souriant et avenant ,les premiers contacts avec le Panama Canal Transit Advisor , H.Eldemire, rassurent l’équipage. Large carrure , debout à l’arrière du voilier , VHF portable en main , il commence à donner ses directives de mise en route au capitaine . 
Les appels radios avec le centre de contrôle de Cristobal sont fréquents :l’organisation du passage des bateaux se met en place ; le rôle de ce professionnel du canal devient de plus en plus évident .
 

Baie de Colon
Baie de Colon
Baie de Colon
Baie de Colon
Baie de Colon
Baie de Colon
Baie de Colon
Baie de Colon
Baie de Colon

Baie de Colon

La tâche du jour pour les candidats en attente de traversée est de gravir les 26 mètres au-dessus du niveau de la mer et de redescendre de l’autre côté de l’isthme de Panama. Pour parcourir ces 80 km et gravir cette pente maritime : les 3 écluses montantes de Gatun devront être traversées ainsi que l’immense lac artificiel Gatun qui retient les millions de litre d’eau douce du Rio Chagres nécessaires aux éclusages .Puis viendra la descente via l’écluse de Pedro Miguel et les 2 écluses suivantes de Miraflores qui donnent accès au Pacifique tant désiré.

Canal de Panama- crédit Wikipedia

Canal de Panama- crédit Wikipedia

Les tonnes d’acier rouge du Federal Sable commence à s’insinuer dans la première écluse .
La chambre de 300 mètres de long et 33 de large ,immense à première vue , parvient juste à contenir le cargo . Les grosses locomotives le halent pour laisser , derrière lui , une petite place pour Maova qui passera fièrement au milieu de l’écluse .
Le capitaine est concentré , la capitaine un peu tendue . De part et d’autre de Maova , les grosses défenses rondes sont prêtes à protéger les flancs du voilier des parois agressives de béton …au cas où….
Les équipages de Kriseole et Madgic , handliners pour l’occasion, sont positionnés aux quatre coins du pont pour assumer leur mission ,prêts à faire glisser dans leurs gants les grosses amarres de nylon bleu sur les taquets,  au gré des eaux de l’écluse .
C’est parti ! Les handliners du canal , perchés une dizaine de mètres plus haut , lancent les 4 toulines lestées sur le pont du voilier afin de remonter les amarres et le fixer le bateau au milieu de l’écluse .
Les portes se sont déjà refermées ; les eaux tourbillonnantes entourent le bateau et font grimper en une quinzaine de minutes ,Maova d’un étage .Le capitaine a le sourire aux lèvres :le rêve se transforme en réalité , Maova quitte l’Atlantique en route pour le Pacifique.
Les 3 tonnes des portes se sont déjà écartées et laissent Fedéral Sable glisser sur les eaux de la deuxième écluse tractés par les « mules » lourdement motorisées . Le monocoque ,quant à lui plus modeste, est conduit relié par ses quatre handliners panaméens qui gravissent quatre à quatre les escaliers séparant chaque écluse.
Quelques secondes d’inattention et le cordage d’un d’entre eux reste coincé dans les anfractuosités de la paroi à plusieurs reprises .La tension monte d’un cran ; l’advisor s’agace de ce grain de sable .
Les remous signalent l’ascension vers le deuxième étage.
Troisième étage , l’opération se répète une nouvelle fois .Les handliners d’un jour sont au top. Le capitaine aussi mais , c’est plus tard qu’il confirmera toutes ses capacités .
L’ascension est terminée ,la troisième écluse ouvre les portes d’accès au Lac Gatun  , immense jungle inondée il y a plus de 100 ans pour les besoins du projet . De part et d’autre du chenal qui serpente durant 20 nM jusqu’à Gaillard Cut, les collines se sont transformées en îlots .
« Six knots » intime le pilote au capitaine . Le moteur monte en tour et Maova Express s’élance sur les eaux du lac , agitées par le vent et frôle ,les unes après les autres, les bouées du chenal en fonction des injonctions de l’Advisor et du croisement des super- Panamax .
 

Écluses de Gatun
Écluses de Gatun
Écluses de Gatun
Écluses de Gatun
Écluses de Gatun
Écluses de Gatun
Écluses de Gatun
Écluses de Gatun
Écluses de Gatun
Écluses de Gatun
Écluses de Gatun
Écluses de Gatun
Écluses de Gatun
Écluses de Gatun
Écluses de Gatun
Écluses de Gatun

Écluses de Gatun

Lac Gatun
Lac Gatun
Lac Gatun
Lac Gatun
Lac Gatun

Lac Gatun

Les bords du lac se resserrent pour former un entonnoir vers le Pacifique . Ici , débouche le Rio Chagres qui alimente le lac Gatun  .Maova patiente ; Federal Sable ouvrira la route dans le Culebra Cut ,renommé Gaillard Cut du nom de l’ingénieur en charge des travaux finaux   .Cette partie , longue de 13 kilomètres , a été creusée dans la roche au prix de milliers de tonnes d’explosifs , de nombreux sacrifices humains français et américains ainsi que d’une débauche financière .D’une largeur initiale de 92 mètres , il a été élargi au fil des décennies jusqu’à plus de 200 mètres pour permettre le croisement des Panamax . Partie sensible du canal , plusieurs éboulements ont ébranlés la fonctionnalité du canal.
En route vers l’écluse de Pedro Miguel , le pont du Centenaire et la Gold Hill surplombent majestueusement le canal.
 

Gaillard Cut Gold  Hilll
Gaillard Cut Gold  Hilll
Gaillard Cut Gold  Hilll
Gaillard Cut Gold  Hilll
Gaillard Cut Gold  Hilll
Gaillard Cut Gold  Hilll

Gaillard Cut Gold Hilll

L’écluse de Pedro Miguel permet à la dreamteam de prendre les marques de la nouvelle configuration de passage .Le nouvel objectif : venir se mettre à couple d’un bateau de touristes lui-même à couple d’un bateau de pêche amarré au quai. La capitaine doit retrouver sa concentration et oublier la fatigue des heures de moteur sur le Lac Gatun . La manœuvre va devoir être précise . Le lancer des lourdes amarres par les handliners du bord devra se faire rapidement et sans accrocs .
L’ombre du Federal Sable ,dont le bulbe se rapproche imperturbablement , jette un œil sans compassion sur la manœuvre du lilliputien en contrebas .
Mission accomplie , le trio maritime au destin lié perd de l’altitude et descend au fond de l’écluse .
 

Ecluse de Pedro Miguel
Ecluse de Pedro Miguel
Ecluse de Pedro Miguel
Ecluse de Pedro Miguel
Ecluse de Pedro Miguel
Ecluse de Pedro Miguel

Ecluse de Pedro Miguel

Les portes s’ouvrent sur le petit lac de Miraflores .Les 2 dernières écluses attendent Maova pour l’examen final .L’advisor donne des informations de fin de parcours , aussi précises que peu rassurantes : les écluses de tous les dangers sont devant Maova , son capitaine et son équipage .
En effet , ça se complique : le vent vient s’écraser sur la porte fermée et crée un contre remous .Le volume d’eau déplacé par le cargo qui remplit presque l’écluse à lui seul est également déplacé vers les bateaux coincés entre les portes et le monstre d’acier .Sous la surface , les eaux salées du Pacifique ont décidés de ne pas se mélanger à l’eau douce de la chambre .Les remous du conflit viennent s’ajouter aux tourbillons de la vidange . 
Bref : la vigilance orange est de rigueur. Des pare-battages volants sont prêts à être mobilisés .Les handliners fébriles savent que la manœuvre doit être précise , rapide et sans anicroches ;le capitaine ,concentré , sait qu’il va devoir jouer avec la position de son bateau , les parois de l’écluse et le bulbe de son copain d’une journée Federal Sable.
Un par un , les bateaux pénètrent dans l’avant dernière écluse et se solidarisent.
Les coups de sirènes du compagnon de jeu, annonce que les milliers de litre d’eau qu’il pousse devant lui viennent ajouter un peu de piment à la manœuvre .
La chambre se vide déjà ; les portes s’ouvrent une nouvelle fois .Les liens se desserrent , les 2 autres bateaux vont aller prendre place dans la dernière écluse tandis que Maova Express leur laisse le passage et se rapproche de l’étrave du cargo à prendre une douche  ….enfin presque .
Mais le jeu n’est pas fini. Ultime éclusage : « the last but not the least » .Le bateau de pêche s’avance en premier vers le mur de béton pour s’amarrer. Une brusque embardée le projette sur la paroi devenue hostile et qui manifeste son mécontentement d’un jet de béton pulvérisé .Le bateau de touriste pris au piège de cet imprévu se met en travers à raser le mur opposé .Le ton est donné pour cette ultime épreuve.
L’advisor temporise avec sagesse l’avancée de Maova . Le capitaine ,avec maîtrise, rapproche sans encombre le franc-bord de son voilier à couple de son compagnon d’écluse .
Les portes s’ouvrent :  Maova ( 2 points !)  est reçu brillamment pour son entrée dans les eaux salées du  Pacifique .
Le capitaine est rayonnant ; la tension s’estompant , la capitaine en second réalise petit à petit qu’un nouvel horizon s’ouvre devant Maova.

Les bouées rouges et vertes sont maintenant implantées dans l’autre sens et mènent au Balboa Yacht Club .Le pont des Amériques marque définitivement l’arrivée de l’équipage à Panama City baignée par les eaux du Pacifique .
Le soleil ,qui a illuminé cette journée hors du commun, pense à prendre lui aussi un peu de repos.
Une dernière prise de coffre et Maova , fier de son passage d’un océan à l’autre , se ballotte d’un bord sur l’autre , gouttant à cet océan qu’il lui est encore inconnu mais qu’il est impatient de découvrir.

Écluses de  Miraflores  : hypertension !
Écluses de  Miraflores  : hypertension !
Écluses de  Miraflores  : hypertension !
Écluses de  Miraflores  : hypertension !
Écluses de  Miraflores  : hypertension !

Écluses de Miraflores : hypertension !

 

 

Pacifique !
Pacifique !
Pacifique !
Pacifique !

Pacifique !