Prendre la météo ne suffit plus !
C’est une évidence : pendant que l’alizé démontre sa forme époustouflante entre janvier et mars , les créneaux de vents favorables pour rejoindre les Caymans et Cuba depuis Panama sont rarissimes.
Le capitaine suit la météo de jour en jour : « météo du soir ,grand espoir ; météo du lendemain matin , gros chagrin » ( Dicton con ).
Sur les pontons de Linton Bay , tout le monde l’attendait donc :le héron , les hirondelles et Madgic .
Et enfin ,Madgic voit apparaître, sur le logiciel Weather4D, LE créneau météo favorable pour traverser la mer des Caraïbes de Panama vers Cuba.
Mais , comme prévu pour la première journée, l’aide de la risée Volvo est bienvenue pour quitter les cotes panaméennes face au vent , gagner du Nord et toucher des vents de NE un peu moins contraires .
La mer n’est pas trop exubérante pour un enfant habituellement agité les 3 premiers mois de l’année ( Qu’en pense Freud ? )
En bonne escorte.....
Madgic remonte miles après miles sur la route tracée par les atolls et récifs colombiens peu connus et semés au milieu de la mer des caraïbes :
Seranna bank , Seranilla Bank , Bajo nuevo sont autant de repères sur la carte pour empêcher Madgic de serer de trop près la dangereuse pointe du Honduras et ses redoutables pirates .
Ces îles ,passées dans la nuit, ne laisseront pas découvrir leur charme mais attireront l’attention de l’équipage sur l’historique des querelles pour leur possession ,entre le Nicaragua et la Colombie.
http://libresameriques.blogspot.com/2013/09/nicaragua-colombie-larchipel-de-san.html
Pendant que Madgic monte et descend sur les vagues, au milieu de l’immensité inhabitée de la mer , le 11 mars pour être précis , le DG de l’OMS déclare dans son allocution préliminaire que le « Covid-19 peut être qualifiée de pandémie » et que « Nous sommes tous sur le même bateau » ;
L’avenir lui donnera raison sur le premier point mais Madgic n’ a pas constaté ultérieurement de modification de son équipage qui s’est retrouvé bien seul.
« Beaucoup de pays instituent donc des restrictions sévères d’entrée dans leur pays voire établissent un « lockdown » . L’équipage va bientôt découvrir à ses dépens la nuance entre « closed » et « lockdown » ( càd fermé mais en beaucoup plus fermé ).
La silhouette de Grand Cayman émerge des eaux dans premières lueurs du jour .Madgic voit d’un bon œil son arrivée sous la côte de l’île pour se mettre à l’abri du vent qui hausse le ton.
Mais « George Town Authority » invite l’équipage à patienter en mer , en stand-by devant le port, en attendant les autorités . L’accueil est inhabituel : l’attente est longue , le canot des autorités n’apparait pas , il est demandé au capitaine de ne s’amarrer à aucune des bouées prévues à cet effet ….habituellement.
2hrs plus tard , changement de directives : Madgic est invité à rejoindre le quai Nord de l’immigration dans Hog Sty Bay. Deux autres voiliers cèdent la place et semblent devoir poursuivre leur route .
La manœuvre d’accostage demande un sursaut de concentration à l’équipage après ces 5 jours de mer.
Les officiels sont souriant et nous accueillent avec gentillesse sur le quai de l’immigration.
Les allers et venues se succèdent et s’accélèrent , tout comme les questions posées à l’équipage .
« Votre nationalité ? Quand êtes-vous partis de la France ? Quel est votre dernier port ? Quand avez-vous quitté Panama ?
L’attente se prolonge et devient pesante . La décision du jury se fait attendre mais l’équipage de Madgic est confiant.
Un soleil radieux illumine les eaux translucides qui invitent irrésistiblement à la baignade .
Mais un officier s’approche , grand black en chemise blanche et lunettes noires ; manifestement ,le responsable et messager du verdict . Madgic va connaître la décision d’une seconde à l’autre.
« L’équipage n’est pas reçu à son examen d’entrée » ! Consternation , incrédulité , incompréhension …. Le capitaine entame une ébauche de discussion unilatérale . La seule alternative proposée est d’aller faire un petit tour en mer pendant 14 jours en mer avant de retenter sa chance .Les regards sont fuyants , les sourires disparaissent , la communication se meurt .
Le « Welcome british » se transforme en « Go Away Strangers . L’équipage devient indésirable comme au temps de la peste .
L’équipage envisage le kidnapping des poules errant sur le quai pour améliorer l’ordinaire des jours prochains ….on n’est jamais assez prévoyant !
Les frontières de la Caraïbe se referment successivement à la vitesse d’un jeu de dominos .Le Guatemala voisin a fermé ses frontières .L’équipage va peut-être involontairement réalisé son rêve de tour du monde ! Mais la version proposée semble celle « sans escales » !L’enthousiasme est donc très mitigé.
Cuba reste officiellement ouvert et est l’unique possibilité pour Madgic de trouver un havre dans la frénésie qui s’installe dans le monde
L’équipage garde le moral croyant encore à une mauvaise blague et reprend la mer pour 24 heures vers le Nord .Les conditions météo constituent la préoccupation principale de l’équipage , elles deviennent ,comme annoncées ,plus éprouvantes : un vent plus soutenu et une mer agitée
A joke , isn't it ? Nous aurions du nous méfier : l'humour des officiels est toujours très approximatif!
Comme tous les pays du monde qui se replient sur eux-mêmes , les Caymans ne se soucient plus que de l’intérêt suprême de la Nation ;non seulement le « Sunday is closed » mais toutes les semaines à venir le seront aussi :les Autorités ont instauré le « Lockdown » , la guerre au Covid 19 est en route
Madgic , contraint et forcé mais déterminé , affronte . vague après vague sa remontée vers les côtes cubaines qu’il espère accueillantes .