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Un Nautitech 40 en vadrouille
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Bienvenudos !

Bienvenudos !

17  mars

En approche de l’île de Cayo Largo , sur la côte sud de Cuba ,  Madgic emprunte la passe entre les récifs de Ballenatos et la longue étendue de sable de Playa Sirena .Les eaux se font paisibles , accueillantes et leur beauté éblouissante fascine même les navigateurs les plus blasés .

Cayo Largo : ses eaux bleurs valent la peine d'y rester quelques temps !
Cayo Largo : ses eaux bleurs valent la peine d'y rester quelques temps !

Cayo Largo : ses eaux bleurs valent la peine d'y rester quelques temps !

Madgic retrouve une nouvelle fois le chenal principal qui mène à la marina de Cayo Largo. Il dépasse le premier ponton qui est réservé aux nationaux .Maintenant  il le sait et se dirige vers le second où quelques voiliers parsemés séjournent. Le capitaine du port ,masque de tissu sur le visage ,interpelle Madgic dans sa manœuvre d’accostage : il doit s’amarrer au ponton le plus sud , habituellement inoccupé .Ça y est , ça recommence .

Un vent latéral soutenu veut rendre la manœuvre plus compliquée . Deux équipages viennent saisir les amarres de manière héroïque dans cette période troublée .Aucun marinero masqué ne vient se joindre au bal. Le moteur bâbord cale soudainement , Madgic à peine amarré de quelques instants …

Admis ou recalé comme aux Caimans ?

Admis ou recalé comme aux Caimans ?

Un médecin ,masqué « ohé ohé » , brandissant son thermomètre frontal comme un crucifix s’assure que l’équipage en mer depuis 6 jours n’est pas contaminants .Les officiels se succèdent sur le quai mais pas à bord comme à l’accoutumée: pas de visite de la Guarda Frontera dans le bateau  ; pas de chien renifleur non plus. ( celui qui de temps en temps fait pipi à l’intérieur des voiliers)

Seul le vétérinaire monte à bord et visite les rangements à la recherche des produits frais,bannis . L’équipage a bien veillé à l’absence de mouchettes dans les pommes  : on ne le reprendra pas 2 fois . Le discours de l’officiel est rodé et connu de l’équipage : « Normalemente ,vous devez tout jeter dans les sacs à déchet ; pero si  …. ». Vingt euros plus tard , le vétérinaire descend sans embarquer les victuailles .

Les précautions sanitaires sont mises en place mais l’accueil reste humain et contraste avec celui des îles Caïmans

Quelques heures plus tard dans leur bureau , les gardes cotes souriant ( donc sans masque ) reçoivent l’équipage et détendent l’atmosphère une fois les formalités d’entrée réalisées .Selon les premières sources scientifiques, le coronavirus est détruit par l’alcool et la chaleur : "prenez donc une bouteille de rhum et allez à la plage".

Madgic seul au ponton  "Covid"

Madgic seul au ponton "Covid"

18 mars

Après une nuit réparatrice , l’équipage descend à terre avec fébrilité ( dans cette période , je confirme qu’il s’agit bien d’un qualificatif psychologique ) en direction de la petite cabine Etecsa au centre du village , seul point d’accès internet officiel pour les étrangers .

Eloigné du flux permanent d’infos , l’équipage de Madgic commence à prendre conscience de l’ampleur de la situation européenne et mondiale .Les retrouvailles familiales prévues en avril à Cuba sont plus que compromises .

L’autorisation est donnée à Madgic de rejoindre le ponton des « extranjeros » .Il s’y amarre sans difficulté grâce l’aide du Rambo israélien du Nautitech 46 voisin dont le capitaine en second a déjà repéré les capacités surhumaines la veille.

Rassurée , elle profite sur le trampoline des rayons du soleil .Mais subitement apparait « el doctor » pour mesurer par surprise la température de l’équipage ! Le regard horrifié , le médecin ne peut que constater « l’objet contaminant » en face de lui : 37 .5°C ; c’est sans appel ! ( euh , c’est quoi la température normale ? ).Se voyant déjà embarquée pour l’hôpital , le capitaine en second obtient un sursis grâce à l’intervention du capitaine-docteur et rentre vite se mettre à l’ombre en envisageant presque sérieusement de se mettre la tête dans le frigidaire. Le second contrôle est normal ! Selon les histoires de batocopains , certains navigateurs ont déjà testé les ambulances et hôpitaux cubains juste pour un peu de fièvre… même en d’autres périodes plus sereines .


 

 [VD1]

Le restaurant de la marina; les musiciens ne sont déja plus là.

Le restaurant de la marina; les musiciens ne sont déja plus là.

19 mars

Les interrogations fusent à bord .Les possibilités de laisser Madgic à Cayo Largo ,quelque temps , et de rentrer en France sont étudiées sérieusement pour raisons familiales et professionnelles. L’ambassade de La Havane est contactée. De l’autre côté de la planète , les mêmes inquiétudes et efforts sont entrepris pour faire quitter New Dehli à un couple de jeunes mariés.

La petite « tienda » de la marina a bénéficié d’un arrivage . L’heure est donc à un approvisionnement bienvenu ; l’avitaillement succinct de Panama n’ayant pu être complété aux Caïmans comme prévu. Les étagères métalliques regorgent de boissons alcoolisées mais de peu de denrées. Quelques rares pots de confiture se cachent derrière d’énormes boites de tomates , maïs , lentilles , haricots et fruits en conserve . Des pots de sauce décorent les étagères et côtoient les paquets de riz. Pas de beurre , de lait , de sucre , de farine mais du sel et du café . Au « rayon » frais , pas de viandes , mais quelques tomates toute rouge se font dragué par l’ananas .De grands blocs du fromage et du jambon cubains attendent la découpe ….il faut en profiter .A la demande, des petits ronds et des œufs sont sortis par la préposée accompagnés d’une gentillesse désarmante.

Des liens se tissent avec l’équipage de Bazo, une famille adorable avec ces 5 enfants sur un superbe catamaran (Pour info,  leur papa , c’est Rambo). Les repas sont l’occasion de décortiquer la situation , de partager les infos locales et d’envisager les différents scénarios pour les semaines à venir sur l’île de Cuba.

Bienvenudos !

20 mars

La réponse du consulat est sans appel :« Prenez l’avion , trouvez-vous un vol et quittez Cuba » mais il n’apporte aucune aide pratique.

L’étau se referme sur l’ile de Cayo Largo pour une longue durée indéterminée .

La réservation des vols vers La Havana n’est pas disponible sur internet .

Bienvenudos !

Sur les pontons , les derniers bateaux charters larguent les amarres après un avitaillement réalisés à la hâte et quittent Cayo Largo pour Cienfuegos , leur base et dernière porte de sortie de Cuba pour les étrangers.

Pour l’heure , l’équipage de Madgic se préoccupe de l’avitaillement : nourriture pour plus d’un mois , fruits et légumes frais , évaluation des réserves de gaz et de gazole. Il va falloir tenir au minimum 4 à 6 semaines voire 8.

On essaie d’évaluer la situation sanitaire de l’île et de connaitre les mesures qui se profilent sur l’île et les directives qui seront appliquées aux bateaux .

Cayo Largo et ses milliers de touristes sont en passe d’ être évacués .Ces poussières de sable  vont  être coupées du monde ; même de l’île principale de Cuba  . L’armée est attendue dans les prochains jours .

Dans les rues , les cubains ,valise à la main, attendent le bus pour prendre l’avion ou le ferry vers le continent . Les hôtels de l’ile ferment . Un minimum de personnel restera sur place pour maintenir les installations.

Du cockpit , drink à la main , les équipages de Bazo et Madgic contemplent un va et vient incessant dans le ciel .De gros transporteurs inhabituels survolent la marina dans un ballet d’atterrissages et de décollages jusque tard dans la nuit .

Puis plus rien :le calme et le vent qui agite les arbres.

Derniers avions

Derniers avions

21 mars

Les frontières de Cuba sont officiellement fermées pour 30 jours.

Les boutiques pour touristes sont closes tout comme le bar-restaurant de la marina .Une ambiance pesante de ville morte s’installe progressivement et insidieusement.

A la tienda , la caissière» essaie de s’habituer à ses nouveaux gants bleus qui passent des denrées à sa caisse enregistreuse .Compréhensive, elle essaie d’aider au mieux l’équipage à se préparer à l’isolement. Des poulets sont même "dénichés" pour le repas commun du soir . Pour la lessive , une solution « extérieure » est trouvée : polos , shorts , sous-vêtements étalés par terre entre les rayons sont d’abord comptés ….avec les gants bleus avant de revenir quelques heures plus tard tout propre.

Sur le pas de la porte , le vigile de la banque invite les entrants à se désinfecter les mains avec une solution chlorée .Le capitaine retire quelques CUC supplémentaires en prévision de temps incertains.

Grace au « marché au Black » , un énorme sac Ikea rempli de légumes s’achemine vers le bateau : patates , tomates , oignons , courges ,ananas … garantissent les vitamines du bord pour quelques semaines

La marina de Cienfuegos est annoncée fermée .Madgic se réjouit : il ne restera pas tout seul à Cuba ; son équipage et lui ont leur avenir lié maintenant .

Au mouillage , trois batocopains se retrouvent avec plaisir en fin de journée :BAZO ,PASSAT et MADGIC . Des moments incertains , heureux et forts , humains et solidaires, inoubliables   les attendent.

La vedette de la Guarda Frontera s’approche des jupes de  Madgic et l’informe que , contrairement à Bazo quelques heures plus tôt , son despacho de navigation dans les eaux cubaines ne lui sera pas délivré ..en tout cas, pas aujourd’hui .Les consignes émanant des autorités de La Havana  se modifient d’heures en heures.

22 mars

En ce dimanche matin , le décor paradisiaque de Cayo Largo est insensible à l’agitation camouflée et inhabituelle de l’île qui se prépare à un évènement inédit et inconnu. 

L’ annexe trace son sillage sur l’eau translucide du chenal qui mène vers la station-service . Le vent rafraîchit l’équipage des effets du soleil déjà bien ardent .La mission du jour :récupérer avant la fermeture définitive des pompes le  précieux liquide , l’or noir , sésame vers une autre destination hypothétique.

Sur la route , le capitaine en second fait une halte.Elle a rendez-vous avec .....(nous l'appelerons X ) derrière .... (un endroit tenu secret ) pour récupérer un nouvel énorme sac de légumes : courges , ignames en quantité « gastronomique »…

Dans l’attente du capitaine qui profite une dernière fois du rythme à la cubaine  , les ouvriers cubains invitent  le capitaine en second  à partager avec eux un dernier moment de fraternité  : rien de tel qu’un petit coup de rhum à 9h00 du mat !

La bouteille de rhum passe de gosier en gosier . Le capitaine en second,  peu enclin à faire des chichis ,  marque néanmoins un temps d’arrêt en ces temps un peu troublés . On va donc  lui chercher un verre .

Après ces 2 verres de rhum fort , pas de répit , l’heure n’est pas au coup de mou mais au rangement consciencieux des fruits et légumes pour espérer une conservation maximale  et à la cuisine de plats qui sont stockés au frigidaire

Les équipages pourront rester au mouillage de Cayo Largo mais tout débarquement à terre sera interdit jusqu’à la fin de la Covid pour quelque motif que ce soit.

L’ambassade nous informe que tous les visas seront prolongés au-delà du mois réglementaire .

C’est la fermeture officielle de la tienda : quelques grosses boites de 5 kg de thon et de macédoine de légumes sont achetées de manière compulsive par le capitaine pour augmenter les stocks du bord !

Au mouillage , Madgic dans ce décor de rêve est incrédule : les autorités l’obligent à  rester ici à l’ancre bien protégé en compagnie de ses copains .De toute façon , où aller ? La Guarda Frontera fait le tour des bateaux au mouillage et s’inquiète de nos capacités à vivre en autonomie plusieurs semaines  . La Marina Marlin ferme ce so;l'accès à terre devient interdit . Seul un début de symptômes de Covid pourra justifier un retour  pour avis médical.

Le despacho de navigation en eaux intérieures est accordé à Madgic heureux de pouvoir en plus  naviguer entre le mouillage de Cayo Largo et les Cayes 

A Playa Serena , une vedette attend sur le quai les derniers barmans et serveurs du complexe .Les cubains nous offrent des fruits inquiets de nos ressources en frais .

La plage , une des 10 plus belles du monde , est vide . Les chaises longues sont empilées et attendent des jours meilleurs .

 

Playa Sirena :sans touristes
Playa Sirena :sans touristes
Playa Sirena :sans touristes
Playa Sirena :sans touristes
Playa Sirena :sans touristes

Playa Sirena :sans touristes

La petite île est à nous : le confinement tropical peut commencer.

Playa Sirena : seuls au monde.
Playa Sirena : seuls au monde.
Playa Sirena : seuls au monde.
Playa Sirena : seuls au monde.

Playa Sirena : seuls au monde.