L’épopée terrestre de l’équipage de Madgic se termine .Il est temps de reprendre la mer .
Un arc en ciel salue l’énergie retrouvée à bord , condition attendue du top départ : un marabout n’est pas du tout venu au chevet de Madgic ;il a suffi de changer le parc de batteries qui avait décidé de ne pas poursuivre l’aventure.(*)
Sous voile et moteur , l’équipage fait corps, de nouveau , avec Madgic ,face , non pas à leurs ennemis , mais leurs adversaires habituels : le vent et la mer .
La grand-voile est finalement hissée à la grande surprise d’un gecko qui y avait trouvé refuge .A plus de 12 mètres de haut , il se cramponne désespérément pour lutter contre le faséiement de la voile qui voudrait l’obliger à un bain forcé .
(le lecteur attendri se demande quel a été l’avenir de cette petite bête ; à ce jour : aucune nouvelle des garde-côtes ).
Les étraves retrouvent le plaisir de pulvériser les premières vagues qui se diluent sur le pont .Le vent applique sa caresse vigoureuse sur les visages .
Les 3 niveaux de crêtes de la côte , surplombées des masses cotonneuses nuageuses , laissent apparaître progressivement leurs couleurs verdoyantes tandis qu’au , premier plan , une mogotte joue à la starlette.
Le génois tire un peu la gueule :il sait que c’est sa dernière grande virée .Des poissons volants ouvrent la route à Madgic vers de nouvelles aventures maritimes .
En attendant l’improbable créneau météo favorable pour remonter vers Cuba , Madgic fait la fine bouche : « Les San Blas , il a déjà fait l’année dernière ; puis il y a une femme qui s’est fait arracher le visage par un croco à Green Island et puis , il y a cet australien qui a pris une balle dans la tête dans le mouillage qui n’avait pas plu à Madgic la veille ….. »
Madgic se résout à une escapade aux San Blas occidentales qui l’avait boudées ,il y a à peine 1 an : « trop touristique ; trop de monde .. ».
Le ciel bleu pâle , tacheté de boules cotonneuses blanches ; des rangées de cocotiers élancés implantés sur un sable doré ; de petites îles baignées d’eaux turquoise ou transparentes et frangées de crêtes blanchâtres récifales écumeuses :le décor se met en place et est superbe .
Plus loin , l’eau bleu profond sépare un îlot de la palette des verts de la côte . Les lumières étincellent , les couleurs font leur show ; les rétines jubilent ; le cerveau se laisse imprégner durablement de ces paysages merveilleux .Les San Blas ont gagné : elles ont reconquis Madgic,par un tour de magie .
Gun boat
Un mouillage tout proche derrière le récif : « les pélicans ont pied , tu crois qu’il faut encore avancer ».
Un petit îlot , quelques cases au confort rudimentaire sont louées à quelques visages pâles en quête du remake de Robinson Crusoé. Mais , sur cette île , les pêcheurs vous vendent quand même des langoustes .
Gunboat Island
Rio Diablo
Deux villages reliés par un pont . Une ambiance moins traditionnelle .Les femmes ne portent plus leurs habits colorés et les bracelets typiques des femmes gunas .
Deux grands pylônes de télécommunication font espérer une connexion avec le monde : mais elle n’est pas fonctionnelle pour le moment .Les câbles électriques surplombent les cases et les maisons : le puissant groupe électrogène emplit le mouillage de sa monotone rengaine. Au coin d’une rue en terre , une petite épicerie fait office de caverne d’Alibaba au Kuna Yala ( pas celui d’internet quand même ).Sous un toit de branchage , l’odeur du bon pain « guna » s’échappe et attire irrésistiblement l’équipage .
Fédérico vient à la rencontre de Madgic au mouillage . Il a toujours sa case au bord de l’eau ( cfr plan guide Bauhaus ) et il se propose de nous faire visiter le village où le carnaval bat son plein sous un temps incertain et pluvieux.
Rio Diablo - Carnaval - Boulangerie - Epicérie
Lemon Cays
Que ne ferait -on pas pour grapiller un peu d’internet ? Pour des raisons logistiques , Madgic remonte au moteur , dans cette journée sans vent vers Lemon cays .
5 heures de moteur ( l’équivalent d’un Montpellier – Bordeaux ) pour s’abreuver d’un filet d’internet poussif mais indispensable : le Graal !
Les couleurs de l’eau qui baigne les îles sont superbes . Quelques petites maisonnettes sur pilotis accueillent pour quelques jours les candidats au farniente : plages et soleil brulant sont ici l’unique programme .
A terre , l’île a peu de charme . Aux 2 extrémités , les 2 petits resto- bars sont un motif de visite.
PS : Naguarchirdup est tombée en désuétude tout comme son ponton à dinghy ; mais l’île de Tiadup a pris la relève . Un peu perturbant lors de l’arrivée dans la passe : les habitations de la photo du guide d’E.Bauhaus .ont changé d’île.
Lemon Cays
Myriadup
L’alizé est soutenu mais le mouillage bien protégé sous cette petite île proprette . Quelques cabanons , quelques kayaks et quelques jeunes couples peu bronzés témoignent de la vocation touristique de l’île .
La famille guna propriétaire est aux petits soins pour vous accueillir .
Un Pina Colada ou un Coco Loco ,au milieu de nulle part ,vous tente ou un poisson grillé tout frais peut -être : vous connaissez maintenant l’adresse .
L’équipage repart avec en trophée la chair de coco de la noix taillée à la machette avec habileté par le maître des lieux ( Le capitaine a vérifié : il lui restait tous ses doigts )
PS : la présence d’humains nécessitent la mise en route d’un groupe électrogène et la réalisation de feux pour bruler leurs déchets ….donc comme vous êtes sous le vent de l’île ….
Myriadup
Nabadup – Morbedup ( Cambombia )
Madgic poursuit ses sauts de puce dans l’archipel du Kuna Yala en longeant les récifs de Naguar…
Destination Cambondia.
Le mouillage est bondé ! : Quinze voiliers jouent du coude à coude , pare-battages sortis .Quelques catas pratiquent le mouillage « tropical » : amarres attachées dans les cocotiers bordées d’une eau turquoise Mais quel est donc le secret de cet île ?
Reçoit-on internet ?Y a-t-il un bar branché ? Le fait d’être nombreux diminue statistiquement la « chance » qu’un croco d’île fasse de vous un croque monsieur ou un croque madame ?
Sans réponse , Madgic dépose son ancre sous le vent de sa voisine délaissée Nabadup .
Le coup de foudre entre Madgic et Nabadup est immédiat .Est-ce la belle plage de sable blanc qui met en valeur la multitude d’étoiles de mer orange qui se délassent dans l’eau transparente ?
Ou bien la cocoteraie dont l’équipage se plait à faire le tour les pieds dans l’eau tiède ?.Ou encore ,les poussières d’îles au loin qui ponctuent l’étendue bleue ; là-bas derrière le récif protecteur ?.Sans doute , l’ensemble …..
L’unique monocoque au mouillage parti , Madgic se sent l’unique propriétaire de l’île et est peu enclin à partager ce paradis : il voit d’un très mauvais œil les nouveaux candidats approchant sous l’ombre des cocotiers agités langoureusement par l’alizé.
Nabadup
Cambombia ne connait plus les jours d’affluence .L’équipage de Madgic a donc décidé de partir en excursion ( pas de moquerie : il n’a pas pris son « quatre heure » dans son petit sac étanche ) .
Les eaux profondes perdent leur couleur sombre émeraude qui se délave en un bleu turquoise puis transparent au contact du premier mètre de sable doré .Les courbes en S de la plage mélangent les ingrédients d’un cocktail sublime .Les cocotiers se sont mis sur leur 31 pour être à la hauteur . Ici réside le secret de Cambombia : la perfection tropicale qui se laisse admirer la tête à peine émergée hors de l’eau tiède. Une carte postale superbe .
La piscine olympique n’a de limite que l’endurance des nageurs.
La seule question existentielle est de savoir comment ne pas se remettre des grains de sable entre les orteils en remontant la pente de sable délicatement agitée par les vagues …et encore elles s’en excusent.
A terre , 3 familles Guna vivent sur l’île . Les tenues aux couleurs vives des femmes gunas vont et viennent au gré des activités .Les cases ouvertes sur le large assument leurs rôles d’habitation , de magasin d’artisanat , de bar et de boulangerie .
Aux extrémités de la plage , quelques cochons sur pilotis apprécient moins que les touristes leur condition d’hébergement et expriment bruyamment leur inquiétude quant à leur avenir (in)certain.
Cambombia
Madgic sur son ancre se plait à admirer le paysage jour après jour .Mais ,au fait , quel jour sommes-nous ? Chaque soir , Madgic , se demande quel sera la destination du lendemain . Mais pourquoi bouger : l’eau sera -t-elle plus bleue ailleurs ?De plus , « quand on ne fait rien , autant bien le faire ».
L’endroit est parfait pour assumer le choix en « pleine conscience » : « tiens , il y a un nuage ! ; le vent a légèrement tourné ! ; un ulu passe là-bas à l’horizon ! ….. ».
Quelques contacts se nouent furtivement avec les barques Guna de passage . Le plus souvent ,les ulus avec leur voile en patchwork laissent la place aux lanchas motorisées . Les pécheurs viennent proposer leurs poissons ou langoustes .
Un ulu sous voile rase les jupes de Madgic et récupère à la volée 2 bières bien fraîches. Une femme guna vient vendre son artisanat . Madgic a déjà fait le plein de molas , ces magnifiques étoffes colorées et brodées, l’année dernière . Qu’ à cela ne tienne, cette année, la panoplie Barbie est disponible : molas ,bracelets , portefeuilles , sacs de plage , petits sacs cadeaux …Le capitaine ne peut résister au superbe polo , couleur ciel sans nuages , brodé de 2 molas pectoraux : le grand style ! enfin le style guna ….bien que , en y pensant bien , ils ne portent pas ce type de vêtement.
Le temps passe ici paisiblement mais inexorablement . L’érosion grignote le sable au pied des cocotiers . Certaines îles disparaissent des cartes marines pour n’être que plus qu’un récif …….
Salardup
PS :
La partie orientale visitée la saison précédente par Madgic de Snug Harbour à Achutupu avait dévoilé à l’équipage une partie de la véritable culture guna ….presque ancestrale . La vie quotidienne ; les ulus sillonnant la mer en tous sens , les villages reclus su rleur île trop petite
La navigation y est plus sensible ; l’ambiance moins « vacances » mais la découverte est oh combien plus riche et interpellante .
Le livre"Les iles San Blas ( Ebook ) de Michel Lecumberry vous offre un regard plus profond sur la vie au Kuna Yala et des Gunas .