Le capitaine se réveille brutalement. Ce n’est qu’un mauvais rêve. Les jours se succèdent sans aucune progression ni du côté du hauban retenu par les douanes ni dans les derniers travaux réalisés depuis la mise à l’eau. Jours après jours, la date butoir du retour approche et le capitaine se voit déjà rentré en France après 5 mois d’attente sur le Rio Dulce sans que le bateau ne puisse prendre la mer. Heureusement, ce n’est encore qu’un mauvais rêve. Mais si on ne bouscule pas les choses, il va devenir réalité.
Voyager en bateau constitue rarement des vacances reposantes mais plutôt une aventure. Mais quitter le Rio Dulce , reprendre la mer avec un bateau en ordre de marche et en « important » un pauvre petit câble métallique peut devenir un véritable challenge. Les nerfs peuvent être mis à mal.
Les marins connaissent les caps dont le laisser-passé se mérite : le cap Horn à la pointe sud de l’Amérique, le cap de Bonne Espérance à la pointe sud de l’Afrique , le cabo de la Vela au nord de la Colombie … mais ,au Guatemala ,« el cabo des Aduanas » est presque infranchissable .
Le colis contenant le hauban, indispensable à Madgic pour prendre le large, bute sur ce cap des Douanes ! Après d’innombrables démarches kafkaïennes avec Fedex et las Aduanas : il semblerait que le sésame soit l’obtention d’un numéro NIT personnel. (el Numero de Identificacion Tributeria)
En route pour l’opération NIT.
Le soleil est revenu sur le Rio Dulce et pénètre par le sommet ouvert du palapa à l’accueil de la Marina. L’équipage au grand complet (à 2 , c’est plus facile de réunir tout le monde ) y attend le taxi pour se rendre à Puerto Barrios distant de 90 km.
Située à l’embouchure du Rio, face à Livingstone, Puerto Barrios est le port de commerce guatémaltèque par lequel transite toutes les marchandises de la façade Atlantique.
La ville est sans intérêt particulier. Quant à la sécurité, elle y est précaire. Les locaux nous déconseillent de nous y balader et s’abstiennent eux-mêmes de s’y rendre. Mais c’est dans cet endroit de rêve que se trouve le SAT (la Superintendencia de Administracion Tributeria ; en clair les bureaux du Ministère des Impôts ) .Le taxi nous y déposera directement sans visite touristique !
Le ballet en tous sens des 35 tonnes soulevant une poussière qui ensevelit les abords de cette ville portuaire signale l’arrivée prochaine.
Au bout d’une rue terreuse et pleine d’ornières, le taxi s’arrête : le temple du NIT est sous les yeux de l’équipage.
A l’intérieur, après quelques photos du capitaine et quelques empreintes, le NIT est obtenu. Non il ne s’agit pas d’un dieu maya mais d’un simple bout de papier devant lequel l’équipage est en admiration. Sur le route du retour , le document est transmis en hâte aux transitaires de Fedex .
Naïvement, l’équipage croit son aventure douanière terminée et est de retour fourbu à la Marina.
Sur le ponton une aigrette tient compagnie à Madgic et attend semble-t-il aussi un colis.
Les échanges de mails se poursuivent jour après jour avec l’agence locale Fedex : chaque mail reçu comportant une et unique question et nécessitant une réponse pour avancer dans ce jeu de l’oie sur lequel chaque case voit le sablier du temps se vider peu à peu.
Toutes ces interrogations sont posées sur un ton presque enfantin :
Depuis silence : vous croyez que c’est une bonne nouvelle ?
Au moins, cela laisse le temps au trampoline d’être réinstallé :
Et, à ce moment, le capitaine en second est sorti de l’écran du dessin animé : pas contente.
Heureusement le soir, les équipages de tous les bateaux, presque prêts mais pas du tout partis, se réunissent pour un retour d’expérience ; une sorte de soutien psychologique un peu comme dans une réunion des AA… enfin presque.
A part ça ? :