Les derniers avitaillements se poursuivent. A la tienda de chez Lorena, la pile de fromages non américanisés - denrée rare en voyage – est enfouie dans les sacs au dos ……De manière inattendue , le préposé nous souhaite « Bien Viaje » .Le scénario se répète à la lavenderia où l’équipage vient de récupérer son linge tout propre ,tout sec aux parfums agréables.
Ces prophéties sont suffisantes pour plonger le capitaine, aux commandes du dinghy traversant le Rio, dans une incantation tribale. Percutant des 2 mains les boudins gonflés de l’annexe comme des tambours, il scande « Manana, Manana » « manana, manana …. » pour infléchir la destinée de Madgic avec la bienveillance des dieux mayas .
Le départ est donc fixé à « Manana » 10 H00 . Dans la linguistique guatémaltèque, l’heure ajoutée au jour permet simplement de souligner une probabilité plus élevée que l’action se réalise le jour auquel l’horaire est rattaché mais sans aucune certitude.
Un « petit » détail risque encore de retarder Madgic.
L’aigrette Fedex suit le montage du hauban d’un œil incrédule .Elle regarde l'équipage :"Il va être trop long" .Elle a raison :le hauban livré est 12 cm plus grand que l’original!
Un éternel remerciement au commercial de Vega Voiles ( Mr J.J) d’avoir balayé sans hésitation la proposition du capitaine de lui fournir les mesures exactes prises sur le bateau avant le départ de l’équipage . « Monsieur , les longueurs des haubans sont précises au millimètre près ; seul l’usine possède les cotes ».Tous les enfoirés ne donnent pas des concerts !
Les réglages des galhaubans se poursuivent. Le mât est bien implanté, les tensions des câbles sont reprises pour être parfaites et nécessitent LE dernier millimètre du pas de vis …..auquel est fixé le grand dadais ( je parle du hauban et non du commercial qui n’a pas subi , comme il le mériterait , les punitions de l’ancienne marine )
Il était une fois un hauban!
Une brise thermique s’est levée sur le Rio. Les amarres sont détachées, Madgic s’élance pour un galop d’essai. Les premières sensations sont retrouvées à bord. Arrivé dans une jolie baie, l’ancre est jetée et touche le fond pour la première halte vagabonde de cette saison. Quel plaisir . Le soleil est brulant. Au bord de l’eau, la Casa Guatemala, sur son pilotis, abrite sans trop moyens, sous son toit vert , 200 enfants orphelins.
Madgic regagne rapidement, poussé par une brise soutenue, la marina.
Cette fois, tout semble en ordre pour le vrai départ ….. : « Manana » même si une météo pluvieuse est annoncée .
Le soleil incline sa course. Brutalement, l’équipage prend conscience avec nostalgie que cette soirée est – sans doute – la dernière à Fronteras . La sortie du Guatemala est proche .
Une longue escale dans ce pays qui marquera de manière indélébile l’équipage de Madgic . Un pays attachant dans lequel l’équipage a trouvé beaucoup de plaisir à vivre et à croiser les sourires guatémaltèques. Merci à eux. Hasta luego !