La dernière amarre lâchée tombe sur le pont. Madgic qui a fait peau neuve à Nanajuana voit la marina s’éloigner.
A bord, les sentiments se mélangent : soulagement de poursuivre la route, nostalgie de quitter le Rio et appréhension de reprendre la mer.
La ville et le pont de Fronteras disparaissent déjà dans le sillage tracé.
Madgic descend le Rio au moteur face au vent et à un clapot bien formé. Les éclaboussures d’eau douce , pour quelque temps encore , recouvrent à nouveau le pont.
Le ciel menaçant annonce les grains successifs. Le vent caresse vigoureusement les visages halés.
Les gouttes d’eau ruissellent des vestes de pluie sur les premières lignes du livre de bord.
Sur l’eau, les destins se croisent mais ne se mélangent pas.
Les montagnes d’El Golfete, qui protège la région des cyclones caribéens, se laissent envahir par les nuages.
Les couleurs du Rio changent au gré de la pluie et des timides rayons du soleil.
Enfin, l’ancre croche ; la chaîne se tend et Madgic s’immobilise dans l’anse de Buena Vista. Le soleil réapparaît furtivement . Tout autour du plan d’eau survolé par des aigrettes blanches ,les oiseaux, ici chez eux, font entendre leurs chants . Un enfant dans sa pirogue disparaît dans les arbres retrouver les siens dont les voix hispaniques percent la mangrove.
Ce havre de paix accueille une nouvelle fois Madgic pour ces 2 journées prévues très pluvieuses.
Une nuit noire enveloppe déjà Madgic et son équipage . Le ciel s’orne d’innombrables étoiles scintillant loin des lumières de la ville.
Un autre rythme s’installe à bord.