A la sortie des Sans Blas occidentales, les 4 îles de Yuala,Apaidup, Mamaraga et Ogumnaga forment un écrin protecteur pour Madgic qui laisse échapper son ancre vers les fonds . Les marins des goélettes de marchandise ne s’y étaient pas trompés et avaient nommés ce « mouillage confortable » :« Snug Harbour ». Ils y faisaient halte avec leur longs voiliers pour se réapprovisionner en cocos.
Des plages de sable blanc entourées de hauts cocotiers à la cime parfois foudroyée et des mangroves, se baignant dans des eaux tièdes en cette saison, laissent quelques passages entre les îles .La houle Caraïbe termine sa course sur les récifs environnants et les couronnent d’écume.
Le village de Playo Chico de mauvaise réputation croise le regard au loin.
Des ulus sous voile glissent sur ce vaste plan d’eau sur fond de reliefs montagneux.
Certaines pirogues disparaissent à l’horizon ; d’autres se rapprochent, nous accostent : les rencontres commencent.
De retour de pêche, une barque nous proposent poulpes , crabes gigantesques ou langoustes bien en chair .
La pirogue du senior Munoz s’amarre sur le flanc de Madgic .Itiliano et ses 2 enfants - Caret et Jhon Luis- montent à bord pour le paiement de l‘ « impuesto »dû au village de Playo Chico pour le mouillage à Snug Harbour .
D’un côté comme de l’autre, les questions en espagnol se succèdent. Les modes de vie se comparent ; les réponses surprennent. La bienveillance est présente. Itiliano veut nous rendre service et nous propose d’aller nous acheter , pour le lendemain , à Playo Chico le frais dont nous aurions besoin .
La famille Munoz
Aklim rencontré la veille revient avec sa petite troupe. Ancien poste à musique volumineux sur l’épaule, écoute tenue de la main droite et pagaie-safran manipulée avec dextérité de la main gauche, il termine sa manœuvre sous voile sourire aux lèvres. Des petites mains dépassent du bordé , 2 paires d’yeux espiègles accompagnent des regards timides.
Aklim nous apporte pains, mangues , cocos ,bananes , tomates et œufs commandées la veille .Il en profite pour faire recharger à bord les batteries de son poste .Tandis que les 2 enfants de 8 et 4 ans se délectent d’un jus et de quelques « «galettas « , il nous montre aussi les molas confectionnés par son épouse ,tous aussi beaux les uns que les autres .L’artisanat est une source de revenu important pour les communautés Gunas .
La famille d’Alkim possède l’île d’Apaidup. Il veille donc sur la cocoteraie qu’il entretient .Il en rapporte la bourre des cocos pour alimenter le feu de la cuisine chez lui . Sa maison est en reconstruction. Comme 80 autres à Playa Chico , elle a brulé en une seule après-midi il y a 2 ans . Quinze jour d’errance sur les plages s’ensuivent dans le dénuement total pour sa famille puis la communauté a reconstruit son logement en 1 jour . Mais ,aujourd’hui, l’étanchéité du toit laisse déjà à désirer et l’éclairage n’est pas installé.
Nous sommes en mai et les tortues devraient bientôt venir pondre sur sa plage ; il essaie de bruler les déchets innombrables amenés par la mer :il faut que tout soit prêt.
L’équipage de Madgic est invité à découvrir l’île et à s’y promener. Au large, un robuste Guna pagaie avec vigueur pour avancer dans la houle qui fait disparaître son ulu de manière régulière.
La nuit est tombée et un « hola » retentit , dans l’obscurité totale ,à l’arrière de Madgic .L’inquiétude est de courte durée pour l’équipage : ces voix sont celles de paisibles pêcheurs vendant les poissons « rojo » qu’ils viennent de ramener au bout de leurs lignes .
Dans le petit matin, un nouvel « hola » trainant caractéristique d’un jeune pêcheur, malchanceux ou maladroit, qui la veille était venu se réhydrater et reprendre quelques force ,se fait entendre et réveille l’équipage . Il est 7 heure et la pêche n’a pas été meilleure mais son estomac crie famine.
Apaidup
Madgic est sur le départ, prêt à reprendre sa route vers l’est , le long des côtes du Guna Yala mais une pirogue s’approche et un « Buenas Dias « retentit dans l’air réchauffé par les rayons d’un soleil déjà brulant.
Subjugués par les photos imprimées par le capitaine, la veille, pour lui, Itiliano revient en famille pour une séance de shooting .
Son épouse est rayonnante. Revêtue de la tenue Guna , elle a fière allure .Foulard rouge vif à motifs jaunes sur la tête , elle offre un sourire étincelant contagieux rehaussé par le trait noir tracé sur l’arête du nez . Sa blouse colorée, aux manches courtes et bouffantes est ornées des exceptionnels molas .Les poignets et les chevilles découverts laissent découvrir les « wini » de perles oranges ,jaunes et noires.
Madgic est ravi de cette visite impromptue et poursuit, déjà des images plein la tête, sa découverte du Guna Yala : en route vers Tannaquetupu et Achutupu…..
Infos pratiques :
L’achat d’artisanat est une façon de soutenir financièrement les Gunas .
Le prix d’un mola de qualité varie de 15 à 30 dollars ( par pièce )
Mais beaucoup d’autres petites choses leur sont utiles : lampes ,piles , cordages , masque et palmes de plongée , vêtements …… Boissons alcoolisées ou non…. Plein d’occasions de leur faire vraiment plaisir .