Cienfuegos : faux départ
Le despacho de sortie obtenu de la GuardaFronteras de Cayo Largo ,Madgic profite encore d’ une nuit au mouillage à l’entrée du chenal de la marina dans un décor de rêve.
Les bleus illuminés par le soleil de la journée rivalisent avec les teintes orangées du coucher de soleil.
Eole n’a pas eu envie de changer ses habitudes : un vent et une mer d’est semblent vouloir contrecarrer la progression de tous les bateaux vers Guana del Este, étape de la journée 30 nM plus à l’Ouest, avant Cienfuegos. De plus, Madgic n’a pas envie d’affronter le vent. Ce n’est pas son truc. C’est comme ça ; il l’a déjà dit au capitaine. Comme toujours, il fait semblant d’être de bonne volonté et avance à vive allure. Mais le capitaine n’est pas dupe et se rend vite compte que les plages de Cayo Largo constituent un paysage qui se rapproche et s’éloigne mais ne défile pas .Bref ,Madgic veut faire demi-tour , se laisser porter par le vent et se blottir , à l’abri de la houle ,derrière l’îlot de Ballenatos et son récif frangeant . Sur le tombant, carangues, barracudas et des perroquets multicolores de taille respectable sont au rendez-vous et accueillent le capitaine.
Une lune presque pleine éclaire l’eau cristalline de Ballenatos et les fonds autour de Madgic , au mouillage, heureux de la décision du capitaine d’aller découvrir l’île de la Juventud …..plus à l’ouest.
Cayo Avalos
De bien meilleure humeur que la veille, Madgic longe, aux allures portantes , la barrière de corail, en route vers l’île de Juventud , l’île aux Pins rebaptisée par Fidel Castro : île de la Jeunesse.
A l’arrière du bateau ,la ligne de traine fait glisser le rapala sous la surface de l’eau dans l’espoir d’améliorer le repas du jour .
Le fil se tend ! Le capitaine a-t-il encore péché une sargasse peu protéinée ? L’équipage est sur le pied de guerre , les affaires semblent sérieuses : le capitaine enfile son gilet de sauvetage , crochète son harnais ( quelle prudence légendaire ….) , enfile les gants .Aidé par le capitaine en second , le poisson est ramené à bord . Les dents acérées de la bête (aucune panique , elle est de taille plutôt modeste) et son sourire en coin ( avec l’hameçon , elle a une excuse ) signe la visite prochaine à bord ( des assiettes ) d’un barracuda.
Mais qui dit barracuda, dit ciguatera…. Le doute s’installe sur les chances de survie de l’équipage après l’ingestion du poisson pêché. Ici à Cuba, pas de 3G, pas d’appel à un ami ni à Google pour savoir si la côte sud de Cuba est ciguatérée comme les récifs de Martinique jusqu’aux BVI .
A mi-chemin entre Cayo Largo et la Punta del Este de l’île de la Juventud ,la barrière de corail s’ouvre sur plusieurs Nm .Madgic emprunte ce large passage pour trouver refuge pour la nuit à l’abri de l’île de Avalos.
La petite île coralienne dévoile ses charmes et propose à Madgic, à proximité du rivage, une tâche d’une centaine de mètres de diamètre d’un bleu turquoise pour y déposer son ancre . A l’abri de la barrière, au milieu de nulle part, la tranquillité est totale ; Madgic a pour seul compagnon, un petit phare blanc qui attend la fin du jour pour jouer son rôle.
Pendant ce temps, l’équipage de Madgic déguste les fruits de sa pêche…à suivre .
(*): La toxine responsable de cette intoxication alimentaire est-elle présente dans les algues que mangent les poissons de récifs : carangues , mérou , mulets et barracudas en tête
Cayo Matias
Ayant survécu à son repas de la veille , l’équipage reprend la mer .
Après une navigation à la voile agréable sous un soleil brulant, Madgic atteint le point final de l’étape du jour , face à la pointe est de l’île de la Juventud . Le capitaine a préféré allonger la route et emprunter le chenal balisé de Punta del Este . Madgic remonte au moteur sur plusieurs miles vers Cayo Matias, , dans 2,5 mètres d’une eau agitée par un vent soutenu.
La plage boisée et la barrière de corail protectrice constituent un décor agréable pour Madgic et son équipage .
De l’intérieur, entourée d’eaux turquoises, la passe dépassée à l’extérieur du récif , dessine une brèche, d’une cinquantaine de mètres dans la barrière . A moins que ce soit , la brèche suivante ….le capitaine n’est pas mécontent de ne pas avoir emprunter ce raccourci en venant du large .
Le coucher de soleil accentue le profil montagneux de la Juventud toute proche.
Au sud de l’île aux pins :une longue étape « chouette-tonique »
Comme une armée lancée à l’assaut des côtes, les trains de vagues se succèdent et poussent leurs milliers de mètres cubes d’eau vers l’horizon. Les vagues les plus grosses le font disparaître ; d’autres voient leurs crêtes blanchâtres se dissiper dans un tourbillon d’eau turquoise magnifié par le soleil. Toutes soulèvent Madgic sur leur passage et l’entraîne dans quelques surfs rapides .
Les gilets sont endossés par sécurité ; les lyophilisés sortent des coffres par commodité.
Madgic conduit par son infatigable pilote automatique se laisse pousser vers sa destination finale en se faisant un peu chahuter. Trois autres monocoques taillent la même route moins confortablement en se faisant rouler bord sur bord.
La côte sud verdoyante de l’île aux Pins défile rapidement. Les montagnes au centre de l’île étonnent après quelques semaines de côtes sans relief.
Madgic remonte le long de la Punta Frances toujours sous voile mais à l’abri de la houle. Sa longue plage de sable blond et sa petite crique tentante ont fait craquer quelques bateaux qui s’y sont arrêtés.
Mais Madgic « préfère » remonter la longue Anse de la Siguanea et venir jeter l’ancre devant la marina pour visiter l’île les jours suivants.
Madgic est tout salé. Mais comme disent les mamans-bateaux : « c’est qu’il s’est bien amusé »