L’« île aux chiens » : Achutupu.
Retellio a donné rendez-vous à l’équipage chez lui.
Le sol des huttes est retenu par 2 troncs d’arbre horizontaux qui surplombent de quelques dizaines de centimètres les eaux salées. De part et d’autre, deux pontons de bois s’avancent au-dessus des flots et se terminent par deux cabanons : l’un abrite des cochons dans leur cage suspendue autonettoyante ; l’autre, les latrines avec vue sur mer ...
Little Madgic s’insinue entre les coques de 2 ulus tirés au sec et l’équipage débarque directement sur le sol terreux, recouvert par les toits de palmes, ainsi que dans la vie et la famille de Retellio.
Quelques plastiques jonchent le sol. Des sacs de canettes compactées attendent de rejoindre l’école pour le concours qui désignera la « Rena » parmi les petites filles.
Une première pièce sur la gauche abrite un lieu de « rangement » et de stockage. De l’autre côté, au centre de la pièce qui sert de cuisine, un feu brule en permanence et sert de repère aux enfants qui jouent. Un peu plus loin ,2 huttes sans mobilier, excepté un grand écran de télévision et des hamacs , servent de pièce de repos à la famille élargie.
Lieu de vie familial
Un étroit couloir persiste entre les huttes au toit assez bas et permet un accès au village.
Achuputu est la troisième île la plus peuplée du Guna Yala et regroupe 1600 habitants. Seul un sentier plus large fait le tour du village. Les espaces restreints entre les huttes forment un dédale de chemins dans lequel se perd le visiteur non accompagné. Quelques petits magasins se font remarquer par leur fenêtre grillagée et par leur contenu minimaliste.
« Nadi madu ? » « Ou pouvons-nous trouver du pain ? » .Retellio frappe à la porte d’une hutte sans enseigne ;un Guna nous ouvre et nous demande en espagnol combien nous en souhaitons .Le pain Guna est assez savoureux et se différencie nettement des pains américains trouvés en Amérique centrale.
Achutupu "centre"
A proximité de l’école, un préau abrite le terrain de basket sur lequel des ados se défoulent. Une multitude d’enfants profitent à grands cris des jeux extérieurs en plastique multicolore. Derrière les ouvertures grillagées et sans fenêtre des murs , des plus grands assis sur des bancs rudimentaires assistent dans leur classe dépouillée aux cours des professeurs panaméens qui se relayent toutes les semaines.
Ecole
La visite mène l’équipage à l’extrémité de l’île. Sur le sable d’une grande plage, quelques pêcheurs tirent au sec leurs ulus. Quelques enfants se baignent. Des femmes à bord d’une lancha transbordent les bidons d’eau nécessaires à l’approvisionnement quotidien.
Au détour d’une ruelle, la couleur jaune des bâtiments administratifs de l’île attire le regard. A l’étage, une femme à la fenêtre interpelle dans la bonne humeur Retellio .
De part et d’autre du quai en béton, 2 bateaux marchands sont amarrés et en pleines transactions. Le premier vient de Colombie et échange les noix de coco contre des produits de premières nécessité ( 1kg de sucre contre 45 cocos) .Un enfant arrivant dans son ulu participe au commerce en soulevant avec peine son sac rempli de cocos .Toute l’économie de l’île repose sur la culture du coco. Sur chaque île, un Guna veille sur ces précieuses noix, monnaie d’échange commerciale .Chaque noix de coco appartient donc à un Guna ,même si elle jonche le sol. Quiconque s’approprie une noix de coco est sévèrement réprimandé pour vol .
Le second navire est panaméen et vient de Colon. Il livre l’eau de boisson, soda , gaz ….contre le balboa la monnaie locale
Plage et port
Au centre du village, 2 longues huttes attirent le regard par leur taille. La première est la hutte du Congrès où chaque soir le village se réunit, autour de son Sahila, pour gérer le quotidien du village.
La seconde, appelée maison de la Chica, est la salle des fêtes dans laquelle se réunissent les villageois quelques fois dans l’année lors des grandes occasions. Selon un rituel ancestral, les femmes gunas préparent alors une boisson fermentée alcoolisée :la chicha fuerte. Vu la description que nous en a fait Retellio , l’équipage de Madgic n’ a aucun regret de ne pas y avoir gouté.
Salles du Congresso et de la Chicha
La visite se poursuit sur les terres d’Achutupu face à l’île. Retellio guide Little Madgic jusqu’au ponton du petit aérodrome et souhaite faire découvrir le cimetière Guna du village à l’équipage.
A peine débarqué, la balade longe la plage ;puis, un sentier serpente à l’ombre des cocotiers et des manguiers immenses, gorgés de fruits. Des fleurs d’hibiscus rouge ornent le chemin.
Face aux plantations d’ananas des enfants de l’école, de petits abris, aux toits de tôle ,protègent les tombes des défunts. La terre légèrement surélevée est recouverte d’un simple linge sur lequel les objets de l’être disparu sont déposés. Un trophée de baseball pour un père disparu accompagne le pot de fève de cacao qui doit lui procurer un peu de force pour l’au-delà. Le cimetière se poursuit plus loin à travers la cocoteraie, une fillette de 8 ans a gardé auprès d’elle sa voiturette de poupée et une jeune fille de 18 ans une paire de scandales ….toutes deux sont mortes de maladie et non d’accident . La vie est dure pour les Gunas .
Un petit foyer s’anime le dimanche quand les proches viennent prendre le repas dominical « en famille »
L’équipage retrouve Madgic au mouillage après une journée riche de découvertes et sait déjà qu’Achutupu sera une escale « extra-ordinaire » qui imprégnera les esprits pour longtemps.
Jusqu'au cimetière émouvant d'Achutupu