Les portes-containers virtuels deviennent plus présents sur l’écran de l’AIS. Madgic approche de Panama et de son canal mythique. Une longue houle agite paisiblement le décor monochrome marin que seuls quelques bancs de sargasses colorent.
Un timide soleil joue, dès son réveil, à cache-cache avec les nuages. Il commence par faire étinceler la mer puis lui rend progressivement ses couleurs.
Presque chimériques, la longue silhouette fluide et les 46 mètres du voilier Ganesha croisent la route de Madgic
Dans les dégradés de gris de l’horizon, les reliefs terrestres de la côte Arriba se détachent et concrétisent l’arrivée proche de Madgic à Puerto Lindo .Le sondeur se réveille :la profondeur devient inférieure à 100 mètres et annonce la remontée des fonds .
Bien que les présentations aient été faites par les guides nautiques, le navigateur garde toujours une certaine réserve lors de la première rencontre. Il reste craintif à l’approche des rochers sur lesquels les vagues se brisent tant que la terre ne lui a pas confirmé son hospitalité.
Les maisons basses du village de Puerto Lindo bordent la baie dans laquelle des voiliers abandonnés se laissent bercer par la houle affaiblie par les récifs .Quelques-uns , en piteux état et désespérés, se sont laissés échouer .
Quelques ados profitent de la baignade sur une ancienne bouée de sauvetage. En bord de grève, des barques tirent sur leur amarre au rythme des galets roulant sur la plage .
A terre, entre les bungalows au confort rudimentaire, un chemin de terre sillonne le village. Sur ses côtés, des bouteilles plastiques et autres déchets majorent l’aspect miséreux, mais non mélancolique, de l’endroit .
Quelques voitures tuninguées , aux sonos démesurées , semblent être les seuls signes de richesse. Un désœuvrement général plane sur la vie de Puerto Lindo ; ou bien, n’est-ce que le cours paisible du temps qui s’écoule. L’élection présidentielle panaméenne toute proche insuffle un semblant d’agitation.
Le ciel gris, seule couleur disponible en cette journée, densifie le vert des flancs des collines environnantes épaissement boisées. Les épaves, ne se berçant plus au large, et les oiseaux charognards ajoutent une note lugubre à l’endroit .
Au fond de la baie, un bâtiment imposant accueille, le WE , les touristes panaméens qui veulent s’embarquer sur une lancha pour une journée de détente sur l’île de Mamey . Les longs rouleaux déferlent sur les pourtours de l’île, les cocotiers sont balancés par l’alizé , quelques huttes les protègent du soleil tandis que d’ innombrables glacières jonchent le sable baigné par une eau translucide .
Au club de plongée- bar-hôtel , un client ,assis à la terrasse , essaie de se connecter sans succès à l’unique réseau WiFi disponible . Quelques locaux viennent acheter des Balboa fraiches qui trônent dans le frigo à côté des équipements de plongée.
Puerto Lindo
Madgic , pas encore enchanté par les lieux , a préféré venir faire ses formalités d’entrée à Marina Linton avant de rejoindre l’archipel des San Blas ( Guna Yala ) à la réputation magique.
Derrière Isla Linton inhabitée , dans le chenal qui mène à la marina , les voiliers fraichement ancrés côtoient des bateaux qui ne reprendront sans doute plus la mer .
Dans l’ Algeco climatisé de l’Autoridad Maritima de Panama (AMP) , un petit fonctionnaire à la peau cuivrée , délivre avec affabilité , le Cruising Permit indispensable à Madgic pour parcourir les eaux panaméennes .
Par contre ,ses occupants doivent encore rejoindre en bus Porto Bello , la ville coloniale espagnole , pour faire tamponner leur passeports dans les bureaux de l’immigration….. ( à suivre ).
Marina Linton
Portobello
Infos pratiques
Un certain flou ainsi que des modifications incessantes semblent régner sur les formalités d’entrée au Panama et au Guna Yala (San Blas )