Quelques heures de navigation seulement séparent le mouillage de Tres Puntas du Belize .
Une petite mise en jambes pour permettre à Madgic et son équipage de retrouver ses marques en eau salée. Les premières vaguelettes surprennent .
Les voiles sont heureuses de prendre l’air ,enfermées depuis tous ces mois. Mais le petit vent faible de face ne leur permet pas encore de propulser Madgic vers Punta Gorda.
La ville la plus sud du Belize sort de son manteau nuageux et ses contours se dessinent sur le rivage.
Des dauphins joueurs accueillent Madgic de leurs cabrioles agiles
Seul le drapeau jaune est hissé : le drapeau national bélizien n’est pas à bord. Une première pour le capitaine. L’ancre est jetée.
Au bout du ponton, le portique et un chemin sablonneux grillagés canalisent les nouveaux arrivants vers le bâtiment vert de l’administration pour réaliser les formalités d’entrée .
Devant l’entrée, un jeune officiel en uniforme s’adresse cordialement aux 2 capitaines en quête des sésames réglementaires. Habitués à l’espagnol depuis 1 mois, la première question dans la langue de Shakespeare déroute .
Une frontière suffit pour que le changement d’ambiance soit soudain : plus noire caribéenne, entremêlées de touches mayas et latinos soupoudrée d’une effluve rasta dans une ancienne colonie britannique .
La langue anglaise se mélange à l’espagnol ; des écoliers en uniforme très british jouent dans la cours de récréation.
Bienvenue au Bélize, ancien Honduras britannique.
Le visage fermé et les lunettes noires sur le visage – ce qui lui confère vraiment un aspect noir - , le préposé de l’Immigration nous tend les formulaire rédigés dans les 2 langues officielles du pays : l’anglais et l’espagnol.
S’ajoutant aux questions habituelles d’identité et de présence d’armes à feu, les questions sur le contenu exact du bateau sont surréalistes. Les capitaines de Mr Happy et Madgic détaillent donc consciencieusement le contenu de leur fière embarcation. Un questionnaire précis, une liste à la Prévert : 3 tomates, 2 pommes de terre, 3 bananes …. 20 boites de conserves, 3 paquets de viandes surgelées, 3 litres de vins, 30 bières, 3 litres de rhum……. ……… …….. Les fromages français achetés au Guatemala sont occultés, les quantités des produits frais sont minimisées …comme un présentiment qui se confirmera vite.
Le jeune douanier est plus avenant mais les questions se répètent sans aucune connexion entre les 4 bureaux administratifs pourtant séparés de quelques pas.
Dans le bureau du BAHA ( Belizian Administraon of Health and Agriculture) , un préposé plus enrobé, au sourire plus malicieux que sincère , repose les mêmes questions .
Avez des cuves à eau usagées ? le capitaine est tout heureux ,il a compris qu’il fallait répondre « oui » .
Avez-vous des fruits et des légumes frais à bord ? le capitaine a compris qu’il doit répondre « non » mais le préposé à le formulaire rempli précédemment en main, « oh, si peu … » bredouille le capitaine .
Le responsable BAHA explique que, lors de la visite sanitaire à bord , tous ces produits de satan seront détruits .Puis tel un ecclésiastique , il commence son sermon : tout déchet jeté sera puni d’une amende de 50000 dollars béliziens ; il est aussi interdit de jeter tout débris végétal par-dessus-bord .Tel un collégien , le capitaine baisse les yeux et acquiesce.
La « Port Authority » nous procure de nouveaux documents à remplir pour regrouper toutes les informations déjà demandées. Les mêmes photocopies sont refaites. Un éventuel renouvellement de la bureautique par des photocopieuses plus rapides ne changerait aucunement le temps des formalités.
Deux heures se sont écoulées, le capitaine de Madgic détient tous les documents d’entrée au Bélize ….enfin presque .Le Zarpe indique , à juste titre , le Mexique comme prochaine destination mais la présence de 3 personnes à bord est erronée . Une correction est demandée .30 minutes plus tard le capitaine récupère un Zarpe pour 2 personnes à destination de …. Cuba. Le capitaine abandonne et s’en satisfait.
Dernière étape, la visite de Madgic et de Mr Happy par le « chef » , profil hispanique ,plutôt antipathique .Bien qu’attendu , il passe devant les 2 capitaines plusieurs fois en les ignorant et finalement envoie , au vu des premières gouttes de pluie tombantes , les 2 jeunes agents noirs en « mission ».
Trois heures se sont écoulées.
La visite de Madgic se passe dans une ambiance décontractée . Les produits frais ne sont pas confisqués. L’autorité portuaire , balancée par les mouvements du bateau ancré, ne peut pas pâlir pour des raisons physiologiques mais devient vite nauséeuse et quitte le bord rapidement .
Le drapeau jaune peut être descendu : Madgic a fait son entrée au Bélize
La musique s’échappe des rues de PG (« pidji » : on devient vite un local ).
Une bonne raison pour les équipages, au complet cette fois, de mettre le pied à terre et de gouter à l’ambiance multiethnique des rues de Punta Gorda et de découvrir sa place avec ses centaines d’oiseaux et sa tour horloge.
Infos pratiques
1 :Immigration : 10$US
2 : Customs
3 :BAHA (Agriculture Santé ) : 10 $US
4 : Port Authority ( Clearance entrée Belize 7 jours/ 2 personnes : 135 dollars US )